Les réseaux sociaux et leur avalanche de trucs et astuces “miracle” me laissent perplexe et je n’y trouve pas ma place. J’ai le sentiment qu’il s’agit d’une autre facette de la société de consommation. On n’y consomme pas de biens, on y consomme des idées pour aller bien. Et qu’en fait-on ? Qui, combien de personnes vont au-delà de cette consommation ?
Cette dernière est attractive au début. On cherche des solutions, on trouve des pistes en pagaille et gratuites, des vérités qui malgré leur multitude et leur bon sens ne réussiront que rarement le passage du Savoir, qui est une forme d’Avoir, à l’Etre.
Parfois, elles iront jusqu’à l’accès à un autre niveau d’information, celui de l’achat d’un programme ou du commencement d’un accompagnement, d’une méthode. Parfois ces derniers déclencheront des déclics transformateurs, parfois ils ne seront qu’un programme parmi tant d’autres, que l’on enchaînera pour essayer, parce que celui d’avant n’a pas fonctionné…
L’on me dit que pour transmettre son savoir, son message, il faut émerger de la foule en diffusant un contenu de qualité, gratuit, qui attirera puis fidélisera la clientèle … je comprends qu’il faut donc participer à cette offre de solutions pullulantes soumise à la « foule » consommante.
Mon discours est très réducteur, très dévalorisant, il reflète ma difficulté à trouver ma place. J’ai conscience de ma responsabilité dans ce constat. Je n’ai jamais pu ni su faire partie de la « foule », je m’interroge sur ma difficulté chronique à m’adapter ou au moins à m’installer parmi les autres avec ma singularité. Rentrer dans un moule quel qu’il soit ne me correspond pas, j’y souffre.
J’ai quitté le monde de l’entreprise après y avoir trouvé une place acceptable parce que j’y étais authentique, mais qui restait inconfortable parce que dénuée de sens à mes yeux.
J’ai intégré un univers qui me faisait vibrer, qui m’offrait la possibilité d’exprimer et d’incarner mes convictions, ma vision de la vie, ma philosophie, et je me retrouve pourtant à nouveau confrontée à un vide de sens, à une dépense d’énergie qui me semble stérile, superficielle, morte. Et de nouveau, je me sens en marge, piégée par la peur de sortir du lot, du rang, par la peur de rayonner qui je suis vraiment, de me faire griller et d’être rejetée par la majorité.
Cette peur qui est la mienne, je l’ai déjà transgressée en entreprise, lorsque j’ai fait le choix de me reconvertir. Après 10 ans de management, j’ai décidé de renoncer à ce métier, j’ai pris conscience que l’on n’avait pas l’obligation d’assumer tous ses potentiels, ou que l’on pouvait choisir de les exprimer dans un autre contexte. Mais j’ai dû pour cela apprivoiser cette peur, cette phrase que l’on agitait sous mon nez comme pour me faire rentrer dans le rang : « Tu es folle, tu vas te faire griller si tu demandes à changer de poste »
Je n’avais plus le choix à ce moment-là, c’était vital pour moi d’affronter cette peur et je l’ai apprivoisée jusqu’à ce que ce que l’on pense ou dise de moi n’ait plus aucun impact sur mes émotions ni mes choix. En expérimentant la puissance de ne plus avoir peur, j’ai alors découvert à quel point la peur construit des murs de prison aussi solides que dérisoires et friables.
Elle est pourtant sournoise et pleine de ressources. Elle s’est tapie un temps, plusieurs années, et resurgit aujourd’hui. Oh … elle est affaiblie mais elle est là, avec toujours la même phrase : tu vas te faire griller si … si quoi cette fois ? Je n’ai pas envie de renoncer cette fois, mon métier me plaît, il a du sens … mais quand même « tu vas te faire griller si … si tu te démarque, si tu dis que tu ne te retrouve pas dans le fonctionnement des réseaux sociaux, dans les processus conseillés pour prendre ta place et transmettre ton message ou encore si tu dis que tu y retrouve tellement de similitudes avec ce que tu as quitté en entreprise ».
Et pourtant c’est le jour où j’ai transgressé cette idée, où j’ai pris le risque d’être jugée … de « me faire griller » … que j’ai commencé à vivre vraiment en entreprise, que j’ai trouvé ma place, celle qui me ressemblait mieux que ce piédestal inconfortable sur lequel j’étais coincée.
Dois-je entamer la même démarche aujourd’hui en tant que sophrologue ? Je sais que le chemin n’aura pas à être si douloureux, la conscience a fait son travail et la peur a cédé un terrain considérable. Mais la forme du chemin doit-elle être la même ?
De ce parcours en entreprise, j’ai appris à la suite de Gandhi que je pouvais « changer en moi ce que je voulais voir changer autour de moi ». La réalité en entreprise n’a pas changé après mon changement de posture, elle a même empiré mais elle était plus douce à vivre pour moi car je l’avais acceptée comme telle sans pour autant être en accord et m’y conformer. J’ai existé au sein de ce qui était à mes yeux des dysfonctionnements sans lutter ou me révolter, en incarnant simplement mes valeurs.
Alors sans aucun doute est-ce juste mon regard sur ce monde des réseaux sociaux qui doit s’adoucir. Sans doute dois-je l’accepter lui aussi sans pour autant être d’accord et m’y conformer. Je peux exister en son sein, sans lutter ni me révolter, en incarnant simplement mes valeurs, en respectant mon rythme, en occultant cette impression parfois que chacun balance son message comme une bouteille à la mer, et en accueillant la confiance que chaque message arrive où il doit arriver par des chemins qui nous dépassent.
Que signifie incarner mes valeurs dans ma vie d’aujourd’hui ?
Mon objectif de Vie est d’incarner la Plénitude dans tous les domaines de ma Vie afin de grandir dans l’Amour et le Silence, de rayonner la Joie, la Paix, la Présence et ce faisant de les rendre accessibles aux autres, de les guider vers leur Puissance Intérieure afin qu’ils puissent librement choisir la manière dont ils veulent exister.
Vaste programme en apparence, humble et sobre en vérité. Je suis intimement convaincue que plus le chemin est simple et dépouillé, plus il est Juste, plus il ouvre à tous les possibles que chacun décline en fonction de qui il est. Sur ce chemin, la sophrologie et le corps sont de précieux compagnons.
A ce jour, je ne vois qu’un chemin Juste pour moi, celui de l’Abandon.
Abandon de toute attente de résultat, abandon de toute stratégie.
Expérience à chaque instant, quelles que soient les situations, de cette Paix, de ce Silence, de cet Amour.
Acceptation à chaque instant de mes maladresses, de mes fragilités, de mes limites, de mes peurs.
Abandon à chaque instant dans la Confiance pour laisser se déployer ce qui est, et laisser émerger ce qui en émane dans l’action.
Authenticité assumée au milieu de la diversité et dans l’Amour … de cette foule au sein de laquelle je ne trouvais pas ma place au début de la rédaction de cet article … vertu de l’écriture dans l’émergence de la conscience 😉
Tu vas te faire griller si tu es authentique ? Non … Si tu es authentique, tu seras libérée 🙂
Merci Isabelle.
Oui, cet article m’a permis de mettre en lumière ce qui m’empêchait d’avoir le recul nécessaire et de remettre les choses à leur juste place. Le chemin est passionnant car sans cesse surprenant. Notamment parce que l’on y recroise parfois de vieux démons que l’on croyait évanouis et qui se sont juste assagis et grimés 🙂
Ton partage me fait repenser à une phrase de mon médecin pendant mon burn-out : “vous êtes comme quelqu’un qui irait au cinéma et qui au lieu de s’installer dans la salle pour regarder le film, irait se coller contre l’écran”. Belle image, simple et tellement parlante 😉
Je crois que durant ces premiers temps de découverte des réseaux sociaux, qui plus est dans un domaine qui me passionne, j’ai de nouveau collé mon nez contre l’écran … mais quelque soit ce que l’on y projette, ce n’est jamais confortable d’y assister à cette place là.
J’ai depuis pris le temps de choisir ma place, celle où je me sens bien 😉 Ce temps d’ajustement m’aura quand même offert de jolis échanges avec ceux qui s’y sont reconnus.
Danièle,
En cohérence avec mon article, je prends le temps de répondre.
Oui, j’en suis arrivée à la même prise de conscience que toi lorsque tu dis “je n’ai pas fait tout ce chemin pour m’extraire d’une matrice qui ne me convenait plus, pour retomber dans une autre forme de conditionnements”. J’ai fini par intégrer que ce n’est pas parce que j’ai choisi l’univers professionnel qui est aujourd’hui le mien que tout en lui est censé me convenir. Comme tout lieu d’interaction il contient des êtres et des comportements qui résonnent plus ou moins agréablement … chacun ayant quelque chose à m’apprendre.
En l’occurrence, ceux qui ont été à l’origine de cette réflexion m’ont permis de me réaligner encore plus profondément avec qui je suis. Je n’ai jamais posté ce qui ne me parlait pas mais je luttais contre cette petite voix qui me reprochait de ne pas faire ce qu’il fallait. Je me sentais aussi parfois étouffée par ces multitudes de trucs et astuces qui fleurissent chaque jour. Et puis, je me suis apaisée en réalisant que me faire confiance était juste suffisant et que ce qui était le plus souffrant était mes propres injonctions intérieures.
Merci pour ton témoignage.
Merci, Béatrice pour cet article si inspirant et ressourçant ! Il faut bien du courage pour s’aventurer sur son vrai chemin, avec le corps pour seul véhicule. Incarner ses valeurs sans concession : quel beau défi que tu évoques avec grâce et dénuement : bel hommage aux vertus du dépassement de Soi…en conscience! De quoi aborder l’usage des réseaux sociaux avec davantage de recul et de sérénité ! Au plaisir de te (re)lire,
chaleureuses pensées,
Isabelle
Bonjour Béatrice,
Ton article a une forte résonance avec ma propre réflexion non tant sur les réseaux sociaux en tant que tels, mais davantage sur les “diktats” que tous les marketeurs du moment nous assènent à longueur de messages. Je pensais que c’était mon enfant rebelle qui faisait encore de la résistance, mais plus je m’ancre dans mon Je Suis, et plus je me dis que je n’ai pas fait tout ce chemin pour m’extraire d’une matrice qui ne me convenait plus, pour retomber dans une autre forme de conditionnements .
J’ai fini de courir après les 3 posts par jours, les 5 invitations, les 10 likes …..! Si je ça me parle je post, si j’aime je like, si ça résonne j’invite!
Et je fais confiance en l’Univers pour me guider vers le marketing du Coeur!
C’est peut-être aussi cela, l’éveil des consciences.
Merci à toi Béatrice.
Tu as tout à fait raison Vilia, observer, trouver ses repères, choisir ce qui nous convient, ce qui fait écho et laisser le reste. Les réseaux sont un outil, à nous de l’utiliser comme bon nous semble 😉 Belle journée à toi.
Entièrement d’accord avec vous Edgar, c’est bien l’implication de chacun qui fait la différence … sans elle, pas de cheminement possible 🙂
Merci pour ce commentaire 🙂
Merci à toi Frédérique pour ton attention et ton retour 🙂
Bonjour,
Merci pour ce partage. Merci pour ton authenticité.
Je me retrouve dans ces écrits. Je pense que beaucoup d’entre nous tombent dans le piège consommation /action sans actions. Pour ma part , je prends du recul, je lève le pied, j’observe et je fais mon truc. Les réseaux sociaux c’est comme tout, rien n’est mauvais à condition de ne pas en abuser… Merci encore.. Au plaisir… Vilia
Bonjour,
Je suis d’accord avec vous c’est l’authenticité qui fait la différence moi j’ai acheté plusieurs produits en français et an espagnol et je suis plutôt satisfait mais je pense aussi c’est difficile de faire la différence entre c’eux qui connaissent vraiment et “les vendeurs” qui sont là que pour vendre des méthodes qu’ont trouvé eux mêmes sur internet.
De toute façon ce qui fait vraiment le miracle c’est l’investissement de l’acheteur!!! merci pour partager en vidéo votre préparation au lancement de votre site de sophrologie.
Magnifique article et magnifique chemin au fil de cet article ! Tu peux être rassurée, aucun risque d’être “grillée” avec une telle profondeur et une telle authenticité.
Merci pour ce partage
Frédérique